Bolivia, quechuas, quebrada y sopa !
C'est avec le cœur partagé entre l'envie de voir de nouvelles choses et le sentiment de laisser un pays formidable que nous quittons l'Argentine pour le sud bolivien. Direction donc la Quiaca pour passer la frontière, rejoindre Villazon du côté bolivien et filer vers Tupiza où nous prévoyons de rester deux jours avant de prendre la piste des « salars et autres lagunes » du Sud Lipez.
Le passage de frontière n'est que formalité. Deux tampons, quelques minutes de queue, mais surtout un contraste poignant. Ce petit pont de pierre, qui découpe une agglomération en deux villes distinctes, séparent avant tout deux mondes : d'un côté une Argentine, qui malgré les crises successives, se rapprochent inexorablement des pays occidentaux ; de l'autre, la Bolivie, stagnant au milieux des géants d'Amérique du Sud que sont le Brésil, le Chili et l'Argentine. Un pont donc, mais surtout des visages qui changent, des jeans laissant place aux costumes traditionnels, des camions qui se transforment en charrues... Deux tampons, et un changement d'univers...
Le soleil brille. Nous arrivons à Tupiza, petit oasis au milieu d'un désert de roches, perché à 2950m d'altitude, halte de deux jours après nos six semaines marathon en Argentine. Premier échange avec Santos, propriétaire de notre hôtel et guide reconnu pour la visite du Sud Lipez : « il a plu depuis 3 semaines, et les 4 prochains jours devraient être clairs». Notre décision est prise, nous partons demain. Au programme 4 jours de 4x4, 1000km de piste, entre 2950 et 4990m d'altitude, pour rejoindre Uyuni et son célèbre salar. Dans l'esprit d'Audrey, nous resterons à Uyuni une journée avant de reprendre la route du Chili par la piste. Connaissant les lieux et ma chère Audrey, nous repartirons dans la journée... Nous voilà donc prêts pour 6 jours de 4x4, sans douche, avec pour compagnie, un couple de Néo-Zélandais, notre guide Victor et sa fidèle cuisinière Emma.
Connaissant cette région, j'avais peur de trouver le temps long. Et pourtant, la magie opère encore. Les derniers jours de pluie ont réveillé le peu de végétation. Les sommets enneigés réfléchissent la lumière d'un soleil éclatant. Sans aucun doute, c'est dans des conditions exceptionnelles que nous abordons cette semaine.
Départ de Tupiza, tôt le matin, en direction de la Laguna Verde que nous n'atteindrons que le second jour. Dès la sortie du village, la végétation se raréfie pour ne laisser place qu'à des roches aux couleurs changeantes, au détour desquelles de petits hameaux isolés apparaissent. Les étendues à perte de vue ne laisse que peu de place à la vie. Et pourtant, en redescendant d'un col désertique à plus de 4000m d'altitude, il arrive que nous plongions dans une vallée verdoyante où les lamas jouissent d'une quiétude bien méritée. 12h de 4x4 nous serons nécessaires pour rejoindre le village nous abritant pour la nuit.
Le second jour doit normalement être le théâtre des paysages les plus fascinants. Premiers flamands roses se délectant des petits crustacés vivant dans ces lagunes isolées. Entrée dans le désert de Dali, marqués par ces blocs de pierre disséminés au hasard sur un sol vierge. Arrivée sur la Laguna Verde, lagune verte émeraude dominée par le majestueux Licamcabur, volcan culminant à près de 6000m.
La fin de journée se ponctue par un passage à 5000m pour admirer les fumerolles des geysers du Sud Lipez et surtout se laisser charmer par la Laguna Colorada, aux reflets rougeoyants. La nuit s'écoulera paisiblement à plus de 4300m d'altitude.
Le troisième jour nous prenons la route d'Uyuni, parsemées de lagunes cristallines plus propices à la vie des flamandes roses, de rochers déposés par des éruptions millénaires et travaillés par des siècles d'érosion Une fois de plus, nous profiterons de la nourriture exquise d'Emma, qui jour après jour nous mijotera des petits plats aussi bons les uns que les autres.
Après une nuit à Uyuni, ville semi-désertique vivant exclusivement du tourisme mais n'ayant rien fait pour accueillir correctement ses hôtes, sales et désorganisées, nous nous dirigeons vers le plus grand salar du monde. 12000Km2 sur près de 75m de profondeur en son centre, le salar d'Uyuni est une pure merveille. Recouvert en partie par les eaux à cette période, le salar reflète tel un miroir le ciel bolivien. C'est ainsi que nous terminons ces quatre jours dans le mirifique sud bolivien.
Le jour même, nous reprenons la route en sens inverse pour deux jours de 4x4 afin de rejoindre San Pedro de Atacama au Chili, de l'autre côté du superbe Licamcabur, en traversant un des postes frontière les plus isolé que nous ayons pu voir... à près de 4600m d'altitude ! Ciao Bolivia, que Linda!
WBBB