Bora Bora, Rangiroa : « Nana Porinetia ! » (II/II)
La prochaine étape de notre périple océanien n'est autre que la mythique Bora Bora. Loin du snobisme actuel qui se veut parfois bouder cette île mythique, nous avons adoré. Dire que Bora Bora est trop construite serait mentir. Certes, en venant de Maupiti, nous devons concéder la différence entre les deux voisines. Et pourtant, Bora n'est en rien envahie. La basse saison aidant, nous avons savouré la magie de Bora depuis le « motu » privé de notre hôtel, sur notre « faré » piloti - notre premier ! Un cadeau dont nous ne regrettons rien ;) Mettant, pour trois jours, le temps en suspens dans notre Ptiboutdumonde. Le jardin de corail, à quelques coups de palme fut notre garderie tous les après midi. Dîner sur la plage, coucher de soleil au champagne, perle de Tahiti, nous avons vécu le cliché en toute conscience, et avouons-le, nous avons adoré !! Bora Bora restera pour nous un souvenir impérissable ;)
Après cette parenthèse « Prince & Princesse », nous reprenons, pour la dernière étape, le fil de notre Ptiboutdumonde ! Connu des plongeurs du monde entier, Rangirao peut légitimement être qualifié de Mecque. Plus grand atoll de Polynésie, son lagon intérieur dépasse les 80km de long sur 30km de large. Entouré de coraux dépassant parfois des eaux turquoises, « Rangi » est l'exemple même de l'atoll polynésien. Quel spectacle. Ayant choisi le plus petit club de plongée de l'île, le Rangiroa Plongée, nous profitons en amoureux, avec nos guides, du spectacle de la passe : requins gris, pointes noires ou blanches, Napoléons, tortues, dauphins, poissons de toutes tailles et de toutes formes... Sans être des plongeurs émérites, nous avons pu nous délecter de trois plongées dans la passe de Tiputa dont une dérivante entrante somptueuse et une en courant sortant profitant de l'effet Venturini. Ce spectacle extraordinaire valait pour nous les 15000km nous séparant de la France !
Feu d'artifice sous l'eau, bouquet final dans l'assiette ! Logés dans une petite pension, nous sommes seuls ces jours-là chez Cécile, seuls au-delà des amis de la famille venus de Tahiti en vacances : passant tour à tour derrière les fourneaux, nous avons savouré pas moins de huit poissons différents pêchés quelques heures plus tôt ! Bonite, thon rouge, mahi mahi, bécune, papillot, bec de canne, chevalier, bénitiers... à chaque repas une fête : le « Petit Jésus » en culottes courtes !
Et puis, il y eut Koh Lanta ...Enfin son édition polynésienne ! Car les organisateurs du jeu, en tournage sur un « motu » de l'autre côté du lagon, où deux candidats avaient été abandonnés depuis une semaine, devaient être rejoints par Cécile et ses amis pour fêter le vainqueur et le grand retour à la pension. Pour notre plus grand plaisir, et malgré une petite otite taquinant l'oreille de Benjamin, nous avons passé une superbe journée sur cet îlot sauvage, et assisté au vote final ! (Inutile de préciser que notre charme aquatique légendaire a à nouveau opéré et que nous avons essuyé durant les 2h30 de trajet retour une mer démontée au cœur même du lagon !)
ps : Non, non, non, n'insistez pas, nous l'avons promis : nous ne dévoilerons pas le nom du grand gagnant... mais nous vous invitons à nous chercher sur les images de ce Koh Lanta à la sauce coco ;)
Nous pourrions clore ainsi le chapitre Polynésien, et nous avons tant apprécié ses archipels, sa douceur de vivre, sa nonchalance et la gentillesse de son peuple, que la tentation est grande. Mais notre déontologie de Ptiboutdumonde nous l'interdit, et comme souvent, au-delà des images de carte postale, il y aussi l'arrière-scène de la Polynésie. Gestion environnementale parfois négligée, pêche excessive, difficultés dues à l'éclatement géographique, fiscalité tendancieuse, vie politique houleuse... Difficile pour nous d'appréhender en quelques jours toute la complexité de ce petit bout de France. Un statut juridique unique, celui de POM. Une autonomie mal définie. Un gouvernement indépendantiste ne représentant au plus que 25% de la population mais bénéficiant des errances des autres partis.
Les tensions sociales sont latentes mais n'en demeurent pas moins : double salaire des fonctionnaires, absence de d'allocation chômage, alors que les prix gonflés par le tourisme et la monnaie sans parité flottante rendent difficile la vie des polynésiens. Le tourisme, ressource principale de l'archipel, souffre lui aussi de ces déséquilibres et de cette gestion hasardeuse. Les prix artificiellement hauts ont fait fuir les touristes vers des destinations meilleur marché et la chute a été brutale : près de 40% en cinq ans. La fiscalité a encouragé de nombreux groupes hôteliers de luxe à investir, leur garantissant un retour sur investissement avant la visite du premier client. S'en suit une gestion parfois loin des standards du luxe.
Et puis il y a le poids de l'histoire : la colonisation britannique puis française au XVIIIe siècle, la quasi-destruction de la culture polynésienne sous les assauts des pasteurs protestants, les essais nucléaires.
Pourtant il faudra creuser, fouiller, interroger pour percevoir tout cela. Car les Polynésiens nous sont apparus comme un peuple habité par une volonté farouche d'être heureux, de vivre et de profiter avant tout du moment présent, fusse au prix d'une attitude conciliante et d'un certain non-dit.
Associé à une gentillesse dont il est difficile de dire si elle en découle ou si elle y préexiste, et une indiscutable générosité, cela fait de la Polynésie une terre émouvante et attachante, qui offre sans retenue tous ses trésors si nous prenons seulement la peine de nous aventurer au-delà de notre « piloti » !
« Nana Porenetia », nous repartons émus et émervéillés ;)
WPTB & WBBB (alias Drey & Ben)
PS : si vous hésitez encore à venir découvrir la Polynésie, devant les 24h d'avion entre autres :prenez votre billet, deux cachets pour dormir et venez vite profiter de ce paradis comme la terre en compte encore si peu !!