Raiatea, Tahaa, Maupiti : « Nana Porinetia ! » (I/II)
Minuit : nous nous posons sur le tarmac de Faa ! Après 3 mois de Ptiboutdumonde, c'est un sentiment étonnamment patriote qui nous envahit dès les premiers pas : à 15000km de l'hexagone, nous ne nous sommes jamais sentis à la fois aussi loin et aussi près de la maison !
La culture, la gastronomie, les croyances se distinguent des nôtres. Mais une infinité de choses nous rappelle, en filigrane, la chère mère patrie ! Et cette incongruité est une réalité : nous posons nos valises sur le sol Français pour quelques jours avec délectation. Lorsque les premiers colliers de fleurs nous sont remis au son des yukuleles, nous sommes tout à la fois surexcités et submergés par la nonchalance locale. La Polynésie, nous le ressentons déjà, sera le repos des guerriers, des vacances dans les vacances, une parenthèse sans montre, sans contrainte, où la vie s'écoule paisiblement : « Nana Porinetia ! »
Après une courte nuit, nous repartons immédiatement pour Raiatea, première étape de notre voyage à travers les îles de la Société et des Tuamotu.
Accueillis chaleureusement par Hinano et Serge dès le petit matin, sur la minuscule piste d'aéroport de Raiatea, nous voici en de bonnes mains : Nano, Sergio, « Maururu » beaucoup beaucoup pour votre extraordinaire accueil !! Vous nous avez régalés, nous vous attendons en territoire « Pôpa » ;)
Parés de nos colliers de fleurs, nous prenons de ce pas le chemin de notre hôtel, le Raiatea Lodge, grande bâtisse coloniale traditionnelle de bois bleu azur, ouverte sur un immense jardin, aux couleurs tropicales, lui-même courant jusqu'au lagon où un ponton de bois nous tend les bras. Dès les premiers instants, le charme polynésien opère, et, loin des premières résolutions de tout voir et de tout faire, nous entamons notre halte détente !
Sur les conseils avisés de Hinano et Serge, nous partons faire le tour de l'île : 98 km d'asphalte, « la » route de l'île, qui ourlent le lagon tels un long et chaud ruban noir. Nous découvrons une multitude de petites anses sauvages, la culture du « Coprah », ces copeaux de noix de coco séchées destinés à l'exportation qui viendront nourrir parfums et gastronomie, et à travers cette femme qui prendra le soin de suspendre son travail pour partager sa culture avec nous, la gentillesse polynésienne. Nous faisons connaissance avec les « motus », ces tout petits îlots de la taille de confettis. Nous promenons pour la première fois notre regard émerveillé sur ce que peut être un lagon polynésien : imaginez vous retrouver devant la boîte de crayons de couleurs de votre enfance à essayer de colorier une page blanche d'un dégradé de bleus. Le résultat sera probablement encore loin de ce que la nature a offert à la Polynésie ! A la vue de l'infinité de teintes qui s'étalent sous nos yeux, nous comprenons pourquoi des grands maîtres de la couleur comme Gauguin élurent domicile sur ces terres de légende.
Le reste de notre séjour sur Raiatea et sa petite sœur Tahaa est tout aussi délicieux. Entre tour de l'île en bateau, visite d'une ferme perlière, plongée dans un jardin corallien, découverte d'une vanilleraie, dîners aux côtés de nos hôtes d'exception, cette première rencontre avec la Polynésie nous enchante. Et nous conforte dans nos certitudes : une fois de plus, notre mauvais œil légendaire en bateau a joué des siennes. Serge, nous implorons ton pardon et espérons que tout sera réparé rapidement !!
Comme nous le découvrirons au fil de nos sauts de puce en avion, à chaque île une identité propre.
Maupiti est un mouchoir de poche portant en son cœur une montagne. Avec une poignée d'habitants, l'île est déjà bien paisible ; mais retiré à l'extrémité ouest de l'île, notre « faré » fait de nous de véritables « Robinson Crusoé » : situé sur la seule plage de sable blanc de l'île, au pied du lagon qui s'étend à perte de vue avec 40 cm d'eau cristalline, et avec pour seul voisin un « motu » désert, notre « faré » nous offre à chaque instant une vue fantastique. Rien à Maupiti ne vient gâcher le calme et la sérénité de cette île de 10km de circonférence. Et les quelques touristes périodiquement débarqués d'avions à moitié remplis (la piste de 950m de long ne permet pas le décollage des ATR si tous les sièges sont occupés !!) ne viennent pas entamer la paix de l'île.
Farniente, plongée avec les raies manta, traversée à pied du lagon, tour en vélo, journée en bateau et pique-nique de poisson frais sur un « motu » proche de la barrière de corail, il est déjà temps de nous envoler à nouveau. Enfin dès que Air Tahiti voudra bien nous renvoyer un ATR apte à prendre son envol !... Après 3h d'attente sous le « faré » de l'aéroport, c'est chose faite et nous repartons.
WPTB & WBBB