BARILOCHE, ou la « Petite Suisse » (sic)

Publié le 6 mars 2012 par ptiboutdumonde.over-blog.com

Après notre séjour Bisounours chez les Pingouins, Bariloche fût un épisode, disons, « plus agité » !...

Chapitre I - « Voyage au bout de la nuit » : tout a commencé par un trajet en bus – durée : 16h, le minimum syndical chez les Gauchos. Notre bus partait à 21h et nous avions rdv avec le loueur de voiture directement au terminal à 20h pour rendre notre petite Chevrolet. 20h05, personne – no worries ; 20h10, ils ne devraient plus tarder ; 20h16 : premier coup de fil – pas de réponse ; 20h25 : répondeur. Là nous passons la seconde : 20h26 : coup de fil au Bagpack – l'alerte est donnée ! 20h27 : le Bagpack nous rappelle - « impossible de les joindre, laissé un message... » « Zut – réunion au sommet : on plante la caisse là en laissant la clé à qui veut la prendre, ou on laisse partir le bus ? Ils ont mon empreinte de carte bleue tout de même... ! » ; 20h31 : toujours personne – bon, rappelons le Bagpack (a minima cela nous occupera:) ...Alelouia ils ont l'agence en double appel ! 20h57 : 1 poignée de mains, 2 empanadas, 1 bouteille d'eau, 1 paquet de gateaux choco et c'est parti pour la nuit – Trop cool nous y sommes !!!!
...Ou pas :) : on monte enfin dans le bus, ravis ; pour ma part pas pour très longtemps : coup d'oeil aux rideaux – noirs de crasse, baskets collés au plancher, air vicié, sièges éculés...et le pompon : mon fauteuil refuse de rester en position allongée ; à chaque nouvelle tentative, il se redresse, presque imperceptiblement mais sûrement : à 2h du mat', je suis proche de la crise de nerf !!! (erratum : je fais une crise de nerf corrige Benjamin :) Je vous passe les détails : nous échangeons nos sièges (ainsi que quelques mots que la censure m'interdira de retranscrire ici :)
11h plus tard nous arrivons enfin à Bariloche : pour ce qui est de la Petite Suisse, il faudra sans doute repasser (malgré 3 restos de fondue et 4 chocolatiers, Gstaadt et Zermatt peuvent dormir tranquilles!!), mais youpiiii le soleil brille, notre Bagpack est canon, et demain nous partons camper 2 jours à cheval dans les montagnes, ca va être ma-bou-le !!
Chapitre II - « Cavalcade infernale » : pour ces 2 jours à cheval, nous avons choisi le Top du Top ! Pas de groupe de 10 à la queue leu leu, pas de bus, pas de G.O. : notre hôte passe nous prendre en 4x4 avec sa nièce et nous partirons, accompagnés du Gaucho propriétaire des chevaux, de l'estancia familiale. Nous bouclons les sacs en sifflant, ils scellent les chevaux, enveloppent l'agneau du dîner dans un linge et nous nous léchons par avance les babines de la parilla qui nous attend en haut de cette montagne, à la belle étoile.
C'était sans compter sur notre poisse météorologique. Nous ne savions pas encore que tout allait tourner au cauchemar... 2 jours de lente dégringolade malgré tous nos efforts pour enrayer la spirale ! Très vite alors que nous traversons la vallée le sourire aux lèvres, le ciel commence à se charger. Qu'importe, cela n'a jamais tué personne, nous nous arrêtons déjeuner dans la forêt pleins d'entrain pour préparer notre premier barbecue : au menu, saucisse, pain grillé au bout de quelques brindilles, fromage fondu, un petit verre de blanc et nous sommes au paradis !

Nos accompagnateurs eux nous assurent que de toute façon la pluie ne devrait pas durer et nous repartons la fleur au fusil. Seulement voilà, la pluie n'a pas cessé ; nos « guides » n'en avaient que le nom ; les tentes n'étaient pas étanches !!! Arrivés au premier sommet où nous devons passer la nuit, nous allumons le feu en toute hâte : pour nous réchauffer, et parce qu'avec la pluie le bois sera bientôt très mouillé alors que nos hôtes n'ont bien sûr rien de plus qu'un briquet ! Le temps de le faire prendre et une pluie lourde, avec de grosses gouttes, s'installe définitivement. « Hé, on en a vu d'autres !! » : on fait le plein de bois pour la nuit, je lance un concours de paillardes en piochant dans mon répertoire marin.

On abrite nos sacs autant que faire se peut, et nous les pardonnons de nous apprendre que les tentes ne sont pas étanches pour un sou (« Mais il ne pleut jamais en principe ! »). Grrrrr, passons. Nous dévorons l'agneau délicieux à pleines mains. Sous la pluie qui nous harcèle. Après avoir repoussé ce moment le plus longtemps possible, nous montons notre tente : ah oui, sans le double toit il y a peu de chance qu'elle soit imperméable !! Nous jetons les peaux de mouton sur le sol en guise de matelas, et nous glissons dans nos duvets. Marrant d'avoir choisi un sous-bois en pente plein de racines pour camper ! Passe encore... Demain il fera beau, c'est sûr :)

Eh bien parfois l'on ferait mieux de savoir abandonner !!! La pluie s'est déchaînée toute la nuit au point d'avoir dû nous construire un ilôt au milieu de notre tente, le lendemain au réveil elle n'avait pas cessé et nos « guides » dormaient encore, il a fallu 3h pour seller les chevaux, à patienter collés au feu pour se dé-congeler, la pluie rendant la suite de la randonnée trop dangereuse nous avons dû rebrousser chemin, et cerise sur le gâteau, alors que nous touchions au but, à quelques pas de l'estancia, le cheval de Benjamin s'est cabré une fois, puis une deuxième, l'envoyant valser dans les airs à la troisième et rebondir sur le chemin de pierres comme une poupée de chiffon !

...Là encore la suite est censurée : après de vifs échanges avec la famille d'indiens Mapuche qui a choisi de jouer le mélodrame du Méchant-Touriste-à-Dollars, nous avons visité l'hôpital de Bariloche le temps de quelques radios de contrôle et récupéré en grande partie nos dineros – rassurez vous il a la tête dure le BenBen ! Tout va bien ;))

Et c'est sous un grand ciel bleu à l'air narquois que nous sommes rentrés, épuisés par toutes ces émotions, dans notre Bagpack, comme deux guerriers rentrant au pays. Le soir, nous décidons de changer de monture et de troquer le cheval contre les 6 CV fiscaux d'une Corsa. On nous dit que la Route des 7 lacs, au nord de Bariloche est une merveille, en piste !
Chapitre III - « La Route des 7 Lacs (enfin il paraît !...) » : au programme, un enchaînement de montagnes éclatantes et de lacs aux couleurs bleue turquoise et vert émeraude miroitant sous le soleil, par la Ruta 234 – une piste pour l'essentiel – avant de plonger sur San Martin de Los Andes, blottie à la pointe du Lago Lacar. Rectification : au programme, jeu d'ombre chinoise pluvieux avec des montagnes blanchies par le brouillard et des lacs aux couleurs en berne sous l'effet conjugué de la grisaille et des cendres du volcan. Eh oui, la malédiction méteorologique continuait !! Après une journée de répit sous un soleil dont nous ne savions que faire entre grasse mat' et dossier de location de la voiture, la pluie avait retrouvé sa place. Quant aux cendres, je vous rassure : nous n'y sommes pour rien !! En juin dernier, de violentes éruptions du volcan Puyehue situé dans le sud du Chili, a dégagé de gigantesques nuage de cendres géant, atteignant Buenos Aires et paralysant encore plusieurs fois par mois, en fonction des vents, le trafic aérien du pays. Il a également recouvert d'une couche de cendres plus ou moins épaisse tous les massifs environnants. De ce point de vue là nous avons plutôt eu de la chance : pas de nouvelle éruption ni de vents mauvais pendant notre séjour ! Bref c'est la mine déconfite que nous arrivons en fin de journée à Bariloche. Bien sûr nous avons pu deviner la beauté des paysages environnants, mais tout de même. Sitôt posé nos valises, nous nous renseignons une fois de plus sur la meteo : cela devrait aller mieux demain. Bonne nouvelle, nous pourrons au moins profiter du chemin du retour ! Seulement voilà, le lendemain matin 8h00, je vous le donne en mille...il continue de pleuvoir à torrent bien sûr ! Alors cette fois-ci on décide de tenter le tout pour le tout, la feinte ultime pour arrêter de « tricoter à l'envers » avec les cieux, pour les plus voileux : coup de fil à l'agence de location, petit tour par la réception – qu'à cela ne tienne, si le beau temps ne vient pas à nous, nous irons à lui !! Et nous passons la journée à bouquiner, organiser les prochaines étapes, regarder la pluie diluvienne tomber par la fenêtre...
Tant et si bien que maintenant nous pouvons vous le dire : la nature offre entre Bariloche et San Martin de Los Andes, des paysages tout simplement oniriques ;)) Pour savourer le retour, nous avons pris les chemins de traverse, les pistes les moins empruntées, et le ciel encore marqué de lourds nuages ça et là nous a gratifiés d'une lumière sublime !! Encore mieux qu'un grand ciel bleu, surtout quand vous avez tant espéré ! D'abord des lacs d'un vert d'une pureté indicible, bordés de forêts et de cours d'eau paisibles parsemés de bourgs cristallins ; puis, tout à coup, changement de décor : au détour d'un col, vous vous retrouvez tout à coup plongés dans un vieux western : immenses rochers aux formes éclectiques, terre craquelée, sable et pierres, plus une goutte d'eau, pour des Km... « El valle encantado » de son nom.

...Et nous voici réconciliés avec Bariloche ! Espérons tout de même que nous aurons réussi à conjurer le mauvais sort de la pluie et du vent : sitôt notre petite Chevrolet rendue, nous nous grimpons dans le bus – le Nord nous appelle, Mendoza, sa cordillère, ses vergers... ses vignes ;)

WPTB (alias Drey ;)