El Chalten, ou cache-cache géant avec le Fitz Roy...

Publié le par ptiboutdumonde.over-blog.com

...Jeu, set et match pour le Fitz Roy : malgré une persévérance proche de l'obstination, bravant le vent, le froid, la grêle, puis la neige, dévorant le dénivelé avec l'énergie du désespoir de celui qui se dit qu'il finira bien par le mériter son panorama de légende, et bien qu'ayant remis le couvert deux jours d'affilé, le Fitz Roy n'aura pas daigné sortir pour nous de son épais manteau blanc.

 

Lorsque nous arrivons à El Chalten ce dimanche soir, un soleil encore brûlant se couche à l'horizon dans un ciel de cristal. Animés par l'envie d'en découdre dès le lendemain matin, nous nous précipitons à la maison des guides pour récupérer les cartes et prendre la meteo :

« - Senorita, il faut faire vite, demain sera l'ultime jour clair, après les nuages reprendront leur place

- Je comprends ; Senor, quel est le plus beau sommet ?

- Le Loma Pliegue del Tombado !!! Il offre la plus belle vue de la région, l'on y voit tout, à 360° et à perte de vue: le granit doré du Fitz Roy, le bleu turquoise de l'infinie Laguna Argentina, le fracassant glacier du Cerro Torre... mais attention Senorita, ce sont 1200m de dénivelé pour 14km d'ascension qui vous attendent ! » 

Argentine 2 0053

Nous étions prêts :) Apéro, dîner au Pub, sacs bouclés, réveil calé, nous nous endormons en rêvant à demain...

Mauvaise surprise : il est 8h00, nous entrons sur le sentier, le vent est frais, le ciel chargé. Mais le monsieur de la Maison des Guides nous l'a dit : cela va se lever ! Confiants nous poursuivons notre chemin et rattrapons un randonneur, puis deux autres. Les nuages se font de plus en plus noirs, le vent fraîchit, la pluie s'épaissit. Nous rentrons dans la forêt. Il y en a pour 3h environ, cela sera certainement découvert quand nous en sortirons. Enfin, espérons...

Sortie de forêt : les hauts de hurlevent version montagnarde !!! Devant nous, avant d'atteindre le dernier col, un désert de pierres à gravir balayé par un vent glacial d'une violence rare. Les deux premiers randonneurs qui nous rejoignent alors que nous regardons médusés le spectacle qui s'offre à nous, à la lisière de la forêt, font demi-tour illico. Ok, on continue ! Il nous faut nous plier, parfois même nous coucher pour continuer d'avancer !! Et pour couronner le tout, quelques pas plus loin, c'est la grêle qui s'abat sur nous avec ses petites billes cinglantes...et c'est au tour de la dernière randonneuse de nous abandonner.

On se croirait dans une tempête de sable blanche, de minuscules grêlons nous criblent le visage ! Nous progressons tant bien que mal jusqu'au pied du sommet, et découvrons en contrebas, entre deux nappes de brouillard, le glacier du cerro Torre : waouhh, cela doit être incroyable sous le soleil !! Voilà 6h que nous sommes partis : on cherche en vain un rocher qui puisse nous abriter pour casser notre croûte - à l'aplomb du glacier, on ne sait jamais ;) : inutile ils ne sont pas plus hauts que trois pommes et c'est accroupis derrière un caillou, à moitié congelés, que l'on avale nos sandwichs avec un sourire complice d'aventuriers. 

Argentine 2 9978

On distingue vaguement l'immensité bleue de la Laguna Argentina, on devine los glaciares, on imagine le Fitz Roy... Et le sommet du Pliegue del Tombado nous nargue de toute sa hauteur. Et de là-haut ? Ici nous sommes dans les nuages, c'est perdu d'avance et nous commençons à nous transformer en yétis. Mais peut-être qu'au-dessus des nuages?? :)) Allez on remballe, et nous voilà partis pour le dernier col, pliés dans la pente mais heureux de tenter notre chance jusqu'au bout. Une heure d'éboulis plus tard, les nuages étaient sans doute plus haut qu'on ne l'imaginait : entre deux couches de brouillard moins épaisses que les autres nous devinons les merveilles qui s'étalent à nos pieds. 

Argentine 2 9991

Le sommet a la taille d'un nid d'aigle. Nous attendons autant que possible confiants comme un joueur de Loto, mais le vent forcit encore et après ajouter notre pierre au kern du sommet, il est temps d'entamer la descente. Qu'importe, nous avons perdu une bataille, mais pas la guerre !  Argentine 2 9996

Et pour nous récompenser, on s'offre un délicieux Ojo de Bife / Filete de Cervo arrosé de Malbec autour de la cheminée de la Tapira. Demain nous reprendrons les armes ! 

01. El Chalten, petit dîner avant la rando!Cette fois-ci nous l'attaquons par le Nord : la Laguna de los Tres. 07H45 nous sommes dans le mini-bus qui nous amène de l'autre côté du massif. 09H00 nous sommes sur le sentier. Le ciel n'est toujours pas très bleu, mais cela devrait aller ! Une, deux, une, deux : cette fois-ci on va l'avoir ! On dépasse presque tout le monde sur le sentier : au dernier croisement nous sommes en avance d'une heure sur le temps donné, YES !!! nous serons seuls là-haut ! On ne s'arrête même pas prendre de photos des glaciers qui bordent le sentier. ZUT !!! Première goutte... RE-ZUT... Il re-pleut... RE-RE-ZUT : à nos pieds, les 1000m de dénivelé qui nous manquait pour faire 1300m. On se disait bien aussi !... Jamais vu une pente aussi raide. Ok, ok, on y va. Là cela commençait à être dur. Dur pour nos guiboles, dur pour le moral : en même temps que nous montions, les nuages montaient aussi : la vallée avec les deux lacs turquoises Madre y Hija qui s'étalaient en contrebas commençait à s'assombrir. C'est que d'épais nuages blancs s'accrochaient maintenant aux sommets et s'étendaient aux dessus de nos têtes comme un couvercle. 1H plus tard, avec une sueur glacée sur le front et dans le dos, nous avons atteint la Laguna de los Tres : un lac incroyable, je crois bien que je n'avais jamais vu un lac aussi près d'un sommet, le glacier se jetant dedans. Mais il gèle, et entretemps vous l'aurez deviné, il s'est mis à NEIGER !!! Cette fois-ci c'en est trop, mais il nous en faudra plus encore pour gâcher notre journée : on sort nos empanadas et notre Malbec transporté jusqu'ici dans une vieille bouteille d'eau en plastique : Bonne St Valentin les Zamis !! ;)

Argentine 2 0030

Je vous épargne la suite : on roule dans la descente – non, je blague :), blasés nous redescendons dans la vallée au pas de course, et, irrésistiblement, alors que nous zig-zaguons sur le sentier du retour, très fréquenté à cette heure plus tardive, imperturbablement, les nuages s'éparpillent et les sommets émergent entre leurs passages... Mais le Fitz Roy est déjà trop loin, tant pis, nous achèterons une carte postale, je jette l'éponge !


En fait ce fût pire : de carte postale nous n'eûmes point besoin, car comme au jour de notre arrivée, le lendemain matin le soleil brillait, et de la vitre du bus nous lui fîmes nos adieux.

Roulement de tambour Mesdames et Messieurs : pour vous, maintenant, voici dooooonc, leeeee, Fiiiiitz Roy !!!!

Argentine 2 0081

 

Hasta la vista Senor Roy, tu seras notre Arlésienne patagonne...


02. El Chalten - vue en arrivant!

WPTB (alias Drey :)

Publié dans Argentine - Chili

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
G
ca, le coup du soleil au départ, ca arrive souvent !! réchauffez vous bien !!!!
Répondre