Perito Moreno, Que Lindo !
Nous vous avions quittés sous le vent de la Patagonie chilienne, les joues rougies par la grêle mais le cœur plein d'espoir de retrouver un ciel plus clément de l'autre côté de la cordillère. C'est donc motivés et plein d'espoir que nous prenons le chemin d'El Calafate, point de départ vers le légendaire Perito Moreno, qualifié par le Routard de « clou du voyage ».
Réveil à 6h, sacs bouclés à 7, et nous voilà dans le bus pour 5h de route sans jamais dépasser les 50km/h. Les paysages bien que superbes, ne valent en rien ceux de notre précédent trajet et c'est anxieux que nous débarquons à El Calafate, dont le nom provient d'une petite myrtille locale. Ni une, ni deux, nous fonçons à notre hôtel, que google.maps a eu la bonne idée de ma localisée. Quelques tours de ville et 45 min de recherche plus tard, nous voilà dans notre nouvel hôtel à 25min de marche du centre ville. Qu'importe, la vue semble superbe. Enfin, pour les plus chanceux qui ont une chambre à l'étage ; parce qu'au du rez-de-chaussée...!
En un tour de main, Audrey nous négocie l'excursion du lendemain. Enfin, par négocier, il faut entendre « payer » ; le Parc des Glaciers étant une concession privée pour qui travaillent toutes les agences de la ville. Après d'âpres discussions, nous choisissons de faire le « mini trekking » sur le glacier le lendemain, et repartons hésitants quant au programme du jour suivant, les prix étant exorbitants.
El Calafate est une petite ville fondée uniquement sur le tourisme. Construite au bord du Lago Argentino, étendue infinie d'eau crystalline, la cité semble être posée malgré elle au milieu de cette immensité, sans bien comprendre ce qu'elle fait là. Sans vrai charme El Calafate ne présente pas grand intérêt. Mais qu'importe, nous sommes venus voir le Perito !
Le lendemain, le bus passe nous prendre. Changement d'ambiance. Ici, pas randonnée, nous sommes redevenus des touristes en liberté conditionnelle. Des bus grand format viennent chercher les touristes dans leurs hôtels pour les mener dans le parc où un bateau les attend pour faire la traverser vers le glacier. Mais rien ne pourrait gâcher le plaisir d'admirer le Perito Moreno sous un soleil éclatant. Depuis l'eau, des passerelles, du bord du lac ou de la glace elle-même, tout impressionne dans ce glacier. Sa taille : partant de trois sommets différents, les glaciers se rejoignent pour former une langue de glace dévalant la pente sur des km de long et des centaines de mètre de large. Sa forme : sculpté par le vent et les variations de température, le glacier dessine un ensemble stupéfiant de crêtes, de pics de miradors, à perte de vue. Sa couleur : du blanc immaculé au bleu profond, le Perito Moreno est un spectacle dont Klein aurait pu s'inspirer. Sa localisation : sa masse se jette directement dans un lac, dont les sédiments du glacier ont rendu sa couleur acier. Enfin, et c'est sans doute ce qui impressionne le plus, son bruit : le glacier craque, rugit à tous moments, sans s'arrêter. Il travaille, se fissure, se brise pour offrir au final le spectacle magique qu'est l'effroyable chute de blocs de glace dans les eaux limpide du lac. Un vrai monstre vivant.
8h durant, nous avons admiré ce glacier sans nous lasser. Avouons le, le Perito Moreno vaut un voyage à lui tout seul.
Que faire demain ? Prendre une excursion le lendemain ou trouver une occupation moins onéreuse ? Et je l'avoue, non sans mal, Audrey a trouvé le clou de notre Argentine. Pas de bateau pour nous mais une randonnée permettant d'avoir une vue sur le glacier.
En route pour la Laguna Roca et l’ascension du Cerro de Los Cristales. Un bus, 10 personnes, 7 prenant la direction du sommet, pas une de plus ne prendra le sentier aujourd'hui... A raison de 3 bus par semaine, le Cerro reste donc confidentiel. Une question nous hante : a-t-on fait le bon choix ? Le bateau n'aurait pas été plus amusant que l’ascension d'un sommet que personne ne connaît ?
Une demi-heure de lacets, puis le sentier tire droit dans la pente. On se dit que ce ne peut-être que pour éviter un obstacle et que le chemin reprendra un rythme soutenable. Grave erreur : 2h de montée en ligne droite, en pleine pente. Une horreur. Pas une seconde nous ne regardons le paysage. Pour seul spectacle, nos pieds et le son de notre souffle haletant. Puis vient la dernière arrête. Deux cents mètres de dénivelé par une pente à 60% sur un sol glissant, d'éboulis et de pierres, le tout balayés par un vent à plus de 90km/h. Et puis, nous atteignons le sommet, nous nous retournons, ouvrons enfin les yeux, et regardons autour de nous. Un paysage à 360° avec en vue directe le Perito Moreno, le glacier Frias, le Lago Argentino, le Lago Roca, Torres del Paine dans notre dos... le tout par un ciel bleu. Le vent souffle. Abrité par un muret, Audrey nous prépare un petit pique-nique, on se régale et on oublie nos remords de la matinée. Le panorama est à couper le souffle.
La descente n'est qu'enchantement. Sous un soleil brûlant, nous descendons face au Perito Moreno et ses reflets bleutés.
Sans aucun doute, le Cerro de los Cristales restera une de nos plus belles randonnées et une extraordinaire surprise ! . Nous avons été subjugués par ce lieu unique, isolé, presque mystique. C'est donc envoûtés que nous nous apprêtons à quitter El Calafate pour poursuivre notre remontée vers le nord.
WBBB (alias Bibi)
P.S: plus de photos dans les albums pour les plus curieux:)